DDA, la directive distribution assurance | Formation DDA 15h pour 75€
Tout savoir sur la DDA – 4800 mots – Temps de lecture : 15 minutes
La Commission européenne a adopté en 2016 la directive sur la distribution d’assurance. Ce texte, que l’on appelle plus communément DDA, introduit de nouvelles règles dans la distribution d’assurance. En effet, axée sur la protection du consommateur et la transparence, elle tend vers de nouvelles exigences. De plus, ce texte ouvre un nouveau chapitre dans la l’harmonisation européenne. Pourquoi le Droit européen impose cette directive ? Quelles en sont les principales mesures ? Quels changements apporte-t-elle ? Vous trouverez les réponses à toutes ces questions dans notre dossier DDA.
De la DIA à la DDA : un cadre européen élargi et plus transparent
La Directive sur la Distribution d’Assurances (DDA) s’inscrit dans la continuité de la construction européenne. Adoptée en 2016, elle succède à une autre directive visant à harmoniser le cadre européen de distribution d’assurance : la Directive sur l’intermédiation en Assurance.
La Directive sur l’intermédiation en assurance (DIA)
A l’origine de la DDA, il y a donc la DIA : la Directive sur l’intermédiation en assurance (2002/92/CE). A ce titre, la Directive sur la distribution d’assurance est abusivement surnommée DIA2. Mise en application en décembre 2002, elle était la première législation visant à réglementer la vente des produits d’assurance vie. Elle faisait suite à la recommandation 92/48/CEE de décembre 1991 et de la directive 77/92/CEE de 1976. Ce qui montre que l’encadrement de la vente de produits d’assurance est ancien dans l’Union européenne.
La DIA donne une définition européenne de l’intermédiation en assurance. Également, elle avait pour objectif de favoriser la concurrence sur le marché de l’assurance. Mais aussi de contraindre les intermédiaires à proposer des produits adaptés aux besoins des clients. La directive imposa donc une série de mesures contrôlant l’accès au marché des intermédiaires. En cela, la DIA fixa des exigences d’immatriculation ainsi que des exigences professionnelles.
La DIA marque la première étape de l’harmonisation de la distribution d’assurance dans l’espace européen.
Limites de la DIA et volonté d’élargissement
La DIA montra cependant de nombreuses limites. Ces limites étaient essentiellement de l’ordre du manque de transparence et de l’hétérogénéité.
Premièrement, elle ne s’appliquant à certains canaux de distribution. En effet, la vente directe, les agences de voyage, les gestionnaires de sinistres lui échappaient. Cela posa un véritable problème d’hétérogénéité dans la protection offerte au.
Deuxièmement, la DIA ne protégea pas assez le consommateur des possibles conflits d’intérêts. Et cela notamment dans la rémunération des intermédiaires.
Troisièmement, les règles en matière d’exigence professionnelles étaient trop variables d’un pays à l’autre de l’UE. De ce fait, la défense des intérêts des consommateurs ne pouvaient être garantie.
Quatrièmement, le manque d’harmonisation était palpable jusque dans les sanctions prévues. De ce fait, les sanctions n’avaient dans certains États pas ou peu d’effet dissuasif.
En faisant ce constat, les autorités européennes voulurent mettre à jour cette directive en ciblant :
- Un élargissement des compétences
- Une meilleure transparence
- Une meilleure protection des consommateurs
Le cadre élargi de la DDA
La DDA dispose donc d’un large champ d’action. Premièrement, elle couvre la distribution des produits non-vie, vie, et de réassurance. Mais elle couvre également les produits d’investissement fondés sur l’assurance. Ces fameux IBIP ou IBIPs que nous verrons plus bas dans cet article.
Deuxièmement, elle n’est plus limitée aux intermédiaires d’assurance. En effet, sa portée dépasse l’intermédiation pour celle plus large de distribution. Elle s’applique ainsi aux intermédiaires d’assurance, aux entreprises d’assurance et aux intermédiaires d’assurance à titre accessoire. De même, elle s’applique à certaines activités comme les comparaisons de prix en ligne.
Troisièmement, elle rend transparent les rémunérations des intermédiaires ainsi que les conflits d’intérêts. En effet, elle prévoit que les distributeurs agissent « de manière honnête, impartiale et professionnelle, et ce au mieux des intérêts de leurs clients ». De même, la DDA interdit les rétributions et autres avantages basés sur des critères quantitatifs. Dès lors que ceux-ci négligent la satisfaction du client. Ainsi, le texte précise :
« aucune disposition sous forme de rémunération, d’objectifs de vente ou autre qui pourrait l’encourager, ou encourager son personnel, à recommander un produit d’assurance particulier à un client alors que le distributeur de produits d’assurance pourrait proposer un autre produit d’assurance qui correspondrait mieux aux exigences et besoins du client »
Directive sur la distribution d’assurance
Quatrièmement, la DDA prévoit une meilleure harmonisation du cadre européen. Et cela en matière de transparence, de formation des professionnels et d’informations sur les produits.
Ainsi, la DDA s’inscrit dans la continuité de la DIA de 2002. Mais elle va également au-delà, comme nous allons le voir dans les lignes suivantes.
Les 4 piliers de la DDA
Face aux manquements de la DIA, les autorités européennes ont abrogé cette dernière par la DDA. Cette refonte avait pour objectif la protection du consommateur ainsi que l’harmonisation des pratiques de l’assurance.
Ainsi, un certain nombre de grandes lignes, que l’on peut appeler pilier, constituent la colonne vertébrale de la DDA :
- L’information et le devoir de conseil ;
- Transparence vis-à-vis du public ;
- Exigences professionnelles ;
- Surveillance et gouvernance des produits.
Nous allons détailler ces piliers dans les lignes qui suivent.
Information et devoir de conseil
Avec la DDA, les distributeurs d’assurances doivent désormais être plus transparents dans les documents qu’ils transmettent à leurs clients. En effet, la directive instaure un nouvel élément dans la relation client : le document d’information (DIPA). De plus, la DDA précise et affine le devoir de conseil qui existait déjà dans le droit français.
Le document d’information
Le DIPA est l’acronyme du document d’information sur le produit d’assurance. Il s’agit d’un document visant à fournir des informations claires sur le produit d’assurance avant la conclusion du contrat. Le règlement d’exécution n°2017/1469 en précise le contenu. L’idée est de simplifier et de synthétiser dans un format court et standardisé l’ensemble des caractéristiques d’un contrat.
Ainsi, pour tout contrat d’assurance, un document d’information contenant les réponses aux questions suivantes doit être fourni : Quel type d’assurance ? Qui est assuré et qui ne l’est pas ? Y a-t-il des exclusions à la couverture ? Où s’applique la couverture ? Quelles sont les obligations ? Quand et comment effectuer les paiements ? Quand commence et prend fin la couverture? Comment mettre fin au contrat ?
En résumé, le DIPA contient :
- Des informations sur le type d’assurance ;
- Un résumé de la couverture ;
- Les principales exclusions ;
- La zone de couverture ;
- Les obligations à la souscription, en cours de contrat ainsi qu’au renouvellement ;
- Les modalités de paiement ;
- La durée du contrat ;
- Les modalités ainsi que les implications de la résiliation du contrat.
Il appartient au concepteur du produit d’assurance d’élaborer le DIPA. Avant la conclusion d’un contrat, les distributeurs doivent également le fournir au client. Cependant, il faut noter que cette obligation ne s’applique ni aux grands risques ni aux activités de distribution de réassurances.
Devoir de conseil
En plus du DIPA, les distributeurs doivent également fournir un devoir de conseil formalisé. Ce devoir de conseil existe en France depuis une jurisprudence datant de 1964. Ce concept fait son entrée dans le Code de l’assurance quelques années plus tard, par l’intermédiaire de l’ordonnance n°2009-106 du 30 janviers 2009. Donc en matière de droit français, la DDA n’a pas « inventé » le devoir de conseil.
Cependant, ce devoir de conseil ne concernait auparavant que les intermédiaires en assurance. Depuis l’application de la DDA, les obligations ont été élargies aux distributeurs de produits d’assurance.
De plus, elle formalise ce devoir de conseil en quatre étapes clés :
- La collecte des exigences et besoin du prospect ;
- La sélection des produits correspondant à ces besoins ;
- La présentation des produits correspondant ;
- La remise des éléments d’information associés.
Ces éléments doivent être remis au client avant de signer le contrat. Puis, les distributeurs d’assurance doivent conserver une preuve de remise de ce document qui doit être compréhensible.
En cas d’intervention d’un intermédiaire, le devoir de conseil prend la forme d’une recommandation personnalisée. Dans son exposé, l’intermédiaire doit partir sur la base d’ un nombre de contrats suffisant. Puis, il doit expliquer les raisons pour lesquelles le produit correspond le mieux aux exigences du client. En effet, cette pratique vise à donner une forme objective au document.
La DDA précise donc les modalités de recueil des informations auprès des clients. Mais également les précautions à prendre pour s’assurer de leur cohérence et de leur fiabilité. Elle prévoit également des obligations de conservation de ces informations ainsi que des évaluations qui en découlent : caractère approprié ou adéquat du produit.
Quelle différence entre le devoir de conseil et le devoir d’information?
Les deux notions que nous avons abordées sont proches mais pas similaires. En effet, le devoir d’information repose sur la remise d’éléments d’information objectifs. Le devoir de conseil quant à lui, correspond à une obligation de moyens. Ainsi, la collecte d’informations et de données sont nécessaires au distributeur d’assurances pour réaliser le devoir de conseil. Ils permettent en effet de conseiller le client au mieux. Et donc de répondre à l’impératif de la fourniture d’une information claire et lisible.
Transparence des distributeurs vis-à-vis du public
La directive sur la distribution d’assurance oblige désormais les assureurs à informer davantage leurs clients. Il doit être clarifié, avant la conclusion du contrat, le statut de la personne qui vend le produit d’assurance ainsi que la nature de sa rémunération. Par ailleurs, les intermédiaires actionnaires d’entreprises assurance à plus de 10% doivent le signaler. Cette mesure a pour objectif de prévenir tout conflit d’intérêts. Ainsi, la DDA décrit trois grands principes allant dans ce sens :
- La conduite générale. Le distributeur doit agir de manière honnête, impartiale et personnalisée. Il doit également communiquer une éventuelle obligation contractuelle de proposition de produits d’un assureur. De même ; il doit informer de toute partialité vis-à-vis d’un acteur.
- La rémunération du distributeur : le distributeur communique la nature de sa rémunération sur le contrat. Sa rémunération ne doit par ailleurs pas l’empêcher d’agir au mieux des intérêts du client.
- Affichage de la participation : l’intermédiaire de distribution doit afficher au client toute participation représentant au moins 10% du capital d’une entreprise d’assurance qu’il détient. Cette règle ne change pas si c’est une entreprise d’assurance qui détient des parts du distributeur.
Exigences professionnelles
La DDA a prévu le développement professionnel des acteurs de la distribution d’assurance. En cela, deux nouveautés sont apparues : la formation continue et la récurrence de vérification de conditions d’honorabilité.
La formation continue ou formation DDA
En effet, elle prévoit la mise en place de mécanismes visant à évaluer les connaissances et facultés des distributeurs d’assurance : courtiers, agents généraux, mandataires, employés d’intermédiaires et d’entreprises d’assurance, etc. Ainsi, les distributeurs doivent suivre une formation DDA d’au moins 15 heures de formation continue par an.
En effet, les distributeurs de produits d’assurance et de réassurance ainsi que leur personnel doivent posséder certaines connaissances et aptitudes. Ces aptitudes doivent leur permettre de réponde aux besoins des clients. Durant ces 15 heures annuelles, les personnels concernés peuvent acquérir et/ou développer :
- Des compétences générales. Comme la relation client ;
- Des compétences spécifiques à leur fonction. ;
- Des compétences spécifiques aux produits.
Ce développement professionnel en continu par an peut revêtir plusieurs formes : enseignement en ligne, en présentiel, tutorat dans une entreprise, etc. Quelle que soit sa forme, il est de 15h au minimum. Pour des raisons de praticité, Assureurpro vous recommande la formation en ligne. En effet, celle-ci revêt de nombreux avantages.
La vérification récurrente des conditions d’honorabilité.
En termes d’exigences professionnelles, avant la DDA, l’honorabilité et les compétences étaient contrôlées lors du recrutement. Désormais, la vérification des règles d’honorabilité sera récurrente. Ainsi, les employeurs doivent scrupuleusement vérifier l’absence de condamnation pénale liée à une atteinte aux biens.
Pour résumer, les nouvelles exigences professionnelles de la DDA se matérialisent par 4 points :
- Formation DDA : délivrer au moins 15 heures de formation chaque année à l’ensemble des personnels en contact avec la clientèle. L’objectif est d’assurer un niveau de compétence constant et actualisé des produits commercialisés ;
- Honorabilité: vérification récurrente du casier judiciaire des salariés assurant la distribution des produits. Déclaration sur l’honneur de respectabilité ;
- Regroupement de toutes les informations relatives à la formation et à l’honorabilité dans un registre : heures de formation délivrées, entretiens d’évaluation, justificatifs d’honorabilité… ;
- Nomination d’un responsable interne en charge du respect de ces obligations et rédaction d’une politique précise en la matière.
La surveillance et la gouvernance des produits
En langage technique, la gouvernance des produits d’assurance s’appelle le POG. Il s’agit de l’acronyme de Product Oversight and Governance. La DDA introduit donc des exigences en matière de POG. Elle en introduit également pour les intermédiaires d’assurance qui conçoivent des produits d’assurance.
La gouvernance des produits, qu’est-ce que c’est ?
La politique de gouvernance et de surveillance produit se définit comme un visant à définir l’ensemble des principes directeurs concernant la maîtrise de la distribution des produits d’assurance. Son objectif est d’inciter les assureurs, mutuelles, institutions de prévoyance ainsi que les bancassureurs à structurer :
- La conception,
- La distribution,
- Le pilotage,
De leurs produits d’assurance. La gouvernance des produits est un concept alliant traçabilité et contrôle. Pour le bien-être des consommateurs, les prestataires d’assurance doivent désormais se préoccuper de la distribution des produits : Depuis leur conception jusqu’à leur distribution auprès du client final. De même, le POG organise les échanges d’informations entre producteurs et distributeurs.
Cette gouvernance des produits repose sur :
- La détermination d’un marché cible de clients ;
- La détermination d’une stratégie de distribution qui convienne au marché cible défini. Cela se traduit par :
- un échange d’information avec la mise à disposition par le producteur des informations utiles pour le distributeur,
- la remontée par le distributeur d’informations sur les ventes ;
- Une expertise du personnel impliqué dans la production ou la distribution du produit ;
- Le réexamen régulier ;
- Une gouvernance interne via un contrôle effectif de l’organe de direction ;
- La production de scenarios d’évolution des produits
- La prise en compte des coûts et frais pour les producteurs.
La DDA et la gouvernance des produits
La DDA pose de nouvelles exigences pour les entreprises qui conçoivent des produits d’assurance. Mais elle en impose également aux distributeurs d’assurances qui proposent des produits qu’ils ne conçoivent pas. En revanche, ces exigences s’appliquent pas aux produits d’assurance qui consistent à assurer les grands risques.
La DDA instaure donc une répartition claire des rôles et responsabilités des acteurs de la distribution d’assurance : impliqués dans la conception, dans la gouvernance ainsi que dans le suivi, etc. La directive leur impose d’être garants de l’adéquation du produit et de ses cycles de distribution. Elle leur impose également d’être garants de l’adéquation avec les besoins réels de segments de marché. On y retrouve différentes étapes qui comportent plusieurs éléments.
Ainsi, lors de la conception du produit, un marché cible doit être défini. Une stratégie de distribution cohérente avec la cible visée doit également être mise en place. De même, il convient à cette étape d’évaluer le risque de préjudices clients. Enfin, la gouvernance impose à cette étape la réalisation systématique d’un test du produit.
Lors de la distribution du produit, l’assureur doit mettre à disposition du distributeur tout renseignement utile sur le produit. Mais également sur son processus de validation. Le distributeur, doit quant à lui comprendre le marché cible. De même, il doit se procurer les informations sur le produit.
Lors du suivi du produit, l’assureur doit procéder à un examen régulier de l’adéquation de son produit avec le marché cible. Cela passe par un passage périodique en comité produits dont la fréquence varie en fonction du produit. Cela passe également par un suivi de reportings produit. Des mesures correctrices sont alors mises en place en cas d’inadéquation du produit avec le marché cible.
Autres mesures prises par la DDA
Outre ces 4 piliers, la DDA apporte d’autres mesures qui s’inscrivent dans la continuité de la DIA. Parmi ces mesures, on retrouve la règlementation de la vente croisée. Mais également la répartition des compétences dans le cadre du passeport européen. Ou encore la restructuration des investissements financiers liés à l’assurance.
Règlementation de la vente croisée
La vente croisée est une technique commerciale permettant de proposer au client intéressé par un produit, un ensemble d’autres produits complémentaires. D’un point de vue commercial, cette technique permet d’augmenter le panier moyen. Elle permet également de rendre visible des produits qui ne le sont pas. Dans le cadre de l’assurance, les produits d’assurance sont souvent proposés à titre accessoire : garantie vol pour un téléphone ou pour un véhicule, etc.
La DDA introduit donc de nouvelles règles sur la vente croisée :
- Lorsqu’un produit d’assurance est un produit accessoire à un bien ou à un service : Le client doit avoir la possibilité d’acheter le bien ou le service séparément. Ainsi, la DDA consacre l’interdiction de la vente liée.
- Lorsqu’un produit d’assurance est le produit principal : Dans ce cas, celui-ci est vendu avec un produit ou un service accessoire qui n’est pas une assurance. Alors, le distributeur indique au client s’il est possible d’acheter séparément les diverses composantes.
Répartition des compétences dans le cadre du passeport européen
La précédente directive sur l’intermédiation en assurance (DIA) avait instauré le passeport européen. Ce principe avait permis de voir émerger deux prérogatives : La liberté d’établissement (LE) ainsi que la liberté de prestation de services (LPS). Ces deux possibilités sont des aptitudes réservées aux entreprises agréées par un état membre de l’Espace économique européen.
La liberté d’établissement leur permet d’offrir leurs services sur le territoire d’un autre État membre à partir d’un établissement permanent. Il peut s’agir d’une succursale ou d’une agence, par exemple.
La liberté de prestation de services leur permet d’offrir leurs services sur le territoire d’un autre État membre, sans y être cependant établie.
Ainsi donc, la DDA apporte des précisions sur la répartition des compétences entre les Etats membres d’origine et d’accueil. Ces précisions sont les suivantes :
- Lorsqu’un intermédiaire exerce ses activités en LPS : Il incombe à son État membre d’origine de veiller au respect par l’intermédiaire de toutes les obligations de la DDA.
- Lorsqu’un intermédiaire opère en LE, il incombe :
- À l’Etat membre d’accueil de veiller au respect de la DDA en matière d’information et de règles de conduite ;
- À Son Etat membre d’origine de veiller au respect des autres obligations.
Restructuration des investissements financiers liés à l’assurance (IBIP)
La DDA comprend un chapitre spécifique avec des obligations supplémentaires pour les IBIP. Ce sigle signifie insurance-based investment products, mais également investissements financiers liés à l’assurance. En effet, les distributeurs de tels produits doivent désormais montrer plus de transparence dans leur rémunération. Ils doivent également prévoir tout conflit d’intérêt.
IBIP et conflits d’intérêts
Afin de prévenir les conflits d’intérêts, les distributeurs d’IBIPsont soumis à des contraintes particulières. L’origine de ces contraintes est la directive sur les marchés d’instruments financiers dite Mifid 2. D’ailleurs, ces contraintes furent introduites une première fois dans la DIA. La DDA les fit donc évoluer.
En effet, la DDA requière désormais des distributeurs d’IBIP la mise en place de « dispositifs organisationnels et administratifs ». Lesquels ont vocation à empêcher que des conflits d’intérêts ne portent atteinte à leur clientèle. Il est question ici des conflits susceptibles de survenir à l’occasion de leur activité de distribution entre :
- Les distributeurs,
- Les distributeurs et leurs clients,
- Deux clients.
Ainsi, les distributeurs sont tenus de détecter les conflits d’intérêts en considérant les circonstances dans lesquelles il y a :
- Possibilité de réaliser un gain ou éviter une perte aux dépens de leur client,
- Incitation à privilégier l’intérêt d’un client au détriment de celui d’un autre,
- Implication dans la gestion ou le développement d’un produit IBIP.
Que doivent faire les distributeurs d’IBIP une fois qu’ils ont identifié un conflit d’intérêts ? Ils doivent adopter toute mesure visant à empêcher une nuisance aux clients potentiellement affectés. Si cela s’avère insuffisant, ils doivent révéler le conflit aux intéressés.
Transparence dans la rémunération
La DDA impartit au distributeur d’informer le potentiel souscripteur « sur tous les coûts et frais liés » qui ont trait à la distribution du produit. Ces informations doivent parvenir, au minimum chaque année. Cela pendant toute la durée de l’investissement assurantiel.
Il s’agit ici de répondre à la question : « Que va me coûter mon investissement ? ». Le montant doit inclure les coûts liés au produit distribué. Concrètement, il s’agit de deux tableaux :
- Coûts au fil du temps : Il fournit l’indicateur synthétique des coûts agrégés totaux du produit considéré ;
- Composition des coûts : Il indique en pourcentage les coûts ponctuels, les coûts récurrents, ainsi que les coûts accessoires. Pour chacun de ces coûts, le tableau présente un descriptif précisant les variations éventuelles et leur critère.
Impact de la DDA au niveau européen
Ainsi donc, la DDA abroge la Directive sur l’intermédiation en assurance (DIA). Elle est une Directive d’harmonisation minimale. En d’autres termes les Etats membres ne peuvent aller en deçà de ce que prévoit la Directive. Cependant, ils peuvent introduire des mesures supplémentaires s’ils le jugent nécessaire. Cela afin d’assurer la protection des consommateurs sur leur marché. Légalement, les intermédiaires d’assurance avaient jusqu’en février 2019 pour se conformer aux dispositions de la DDA.
Évolution structurelle de la distribution
Concrètement, son application implique une évolution structurelle des entreprises de distribution d’assurance : stratégie, organisation, systèmes d’information, processus, etc. La mise en conformité avec la DDA est donc une opportunité de repenser nombre d’aspects de la distribution.
En termes de marketing, l’impact sur les processus de création des offres est significatif. Il l’est également dans le suivi des offres. L’exigence de fournir la preuve de l’analyse des besoins clients révolutionne la distribution.
La DDA va également fortement impacter la distribution. En effet, elle modifie les processus de vente en intégrant les dimensions d’information et de conseil. De plus, cette obligation d’information reste valable sur l’ensemble du cycle de vie des produits.
Sur le plan éthique, le secteur de l’assurance gagne en respectabilité. En effet, transparence et prévention sont deux maîtres mots de cette directive. Étant transparent sur leur rémunération, les distributeurs montrent patte blanche. Leur activité dans la prévention, détection et gestion des conflits d’intérêt, ils prouvent qu’ils sont au service du client.
En termes d’organisation, la DDA impacte sur la professionnalisation des distributeurs. Mais également sur la rédaction des documents et procédures. De ce point de vue là, il y aura indéniablement un avant et un après DDA.
La transformation digitale
Une conséquence de la DDA est la transformation digitale. En effet, les outils numériques deviendront nécessaires pour permettre aux courtiers de gagner un temps précieux : formulaires préremplis, outils de récupération automatiques, intégration de données des assureurs, etc.
Les outils digitaux deviendront également essentiels pour assurer la traçabilité des opérations et des conseils apportés aux clients. En effet, lors des contrôles menés par l’ACPR, les courtiers devront être en mesure de prouver qu’ils respectent la DDA. Et donc qu’ils ont effectué les démarches obligatoires pour bien connaître leurs clients et leur proposer des produits adaptés. Seul l’emploi d’outils digitaux pourra permettre aux acteurs du secteur d’apporter cette preuve de manière simple, efficace et sécurisée.
La transformation digitale des distributeurs d’assurance-vie va donc devenir une condition sine qua non de l’exercice de leur métier.
Transposition de la DDA en Droit français
La DDA est le fruit d’un accord politique européen datant de juillet 2015. La Commission européenne a donc peaufiné le texte en consultant plusieurs structures : l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (EIOPA) ou encore la Fédération européenne des intermédiaires en assurance (BIPAR).
Le Parlement européen a entérina l’initiative de manière officielle le 24 novembre 2015. A cette date, celui-ci adopta une résolution législative allant dans le sens d’une refonte de la DIA.
Le 20 janvier 2016, le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne adoptèrent la DDA. De par l’article 43, elle abroge la DIA de 2002. Ainsi, elle entra en vigueur vingt jours plus tard. Le texte prévoit également la date limite de sa transposition aux droits nationaux des États membres de l’Espace Economique Européen : le 1er octobre 2018.
Cependant, les autorités européennes accordèrent un délai pour l’obligation de formation DDA. En effet, cette disposition devait entrer en vigueur pour le 23 février 2019.
En France, deux textes ont transposé la DDA dans le Droit français. Il s’agit de :
Ces textes modifient subséquemment le Code des assurances, le Code de la mutualité, et celui de la Sécurité sociale.
Vers une amélioration de la DDA ?
A l’heure où ces lignes sont rédigées, la DDA n’est en application que depuis deux ans. Et à peine plus d’un an si l’on prend en compte le délai accordé pour la mise ne place de la formation DDA. Ainsi, il est encore trop tôt pour savoir si la DDA a porté ses objectifs. Néanmoins, un dispositif d’évaluation et de contrôle a été mis en place pour mesurer les effets de cette loi.
Les règlements délégués
Pour compléter la Directive sur la distribution d’assurance, la Commission européenne a adopté en 2018 deux Règlements délégués. Un règlement délégué est un acte pris par la Commission pour compléter ou modifier des « éléments non essentiels » d’une loi ou d’une loi-cadre. Pour cela, la Commission doit être habilitée par la loi ou la loi-cadre en cause. Laquelle précise strictement l’objet et les conditions de la délégation de pouvoir ainsi accordée.
Dans le cadre de la DDA, les règlements délégués apportent des précisions relatives à différents points : gouvernance des produits, conflits d’intérêts, informations des clients pour les produits IBIP, etc.
Par ailleurs, la Commission a adopté une norme technique d’exécution concernant le format normalisé du document d’information sur les produits d’assurance (DIPA).
Cela montre que la directive DDA s’inscrit dans une dynamique de suivi.
Le règlement délégué du 05 mai 2019
De plus, en mai 2019, la Commission a également adopté un troisième Règlement délégué. Celui-ci modifie certains montants relatifs à la RC professionnelle ainsi qu’à la capacité financière. En effet, la Commission a tenu compte de l’évolution de l’indice européen des prix à la consommation. Entre le 01/01/2013 et le 31/12/2017, celui-ci a augmenté de 4,03%. De ce fait, les chiffres pour l’assurance RC professionnelle et la capacité financière ont évolué.
Le Règlement est entré en vigueur en décembre 2019 et est applicable depuis le 12 juin 2020. Cependant, les États membres bénéficient d’une période transitoire de 6 mois pour adapter leur législation nationale. Cela permet d’accorder un délai aux intermédiaires d’assurance et autres concernés pour prendre des mesures d’application nécessaires. Ce Règlement est contraignant dans son intégralité et directement applicable dans tous les Etats membres de l’UE.
Les nouveaux chiffres sont les suivants :
- Le montant minimum par sinistre passe de 1.250.000 euros à 1.300.380 euros ;
- Le montant minimum pour l’ensemble des sinistres/an augmente également. Il passe de 1.850.000 euros à 1.924.560 euros ;
- le montant minimum de capacité financière passe de 18.750 euros à 19.510 euros.
Le rôle de l’EIOPA
L’EIOPA est l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles. C’est un organe consultatif indépendant auprès du Parlement européen. Surtout, il fait partie du dispositif de surveillance du Système européen de supervision financière. En cela, elle a publié fin 2018 un rapport sur l’évaluation de la structure des marchés de l’intermédiation en assurance en Europe.
L’EIOPA a joué un grand rôle dans la mise en place de la DDA. Ainsi, la Commission européenne adopta le dernier Règlement délégué suite aux travaux de l’EIOPA. Ce rôle n’est pas inopiné puisque c’est la DDA qui lui délègue le statut d’organisme consultatif.
Ainsi, selon l’article 11-5 de la DDA, l’EIOPA est également tenue de publier un rapport qui examine les règles d’intérêt général. Ce rapport a été publié le 30 juillet 2019. Il est accompagné d’une analyse pays par pays.
Également, l’article 3.4 de la DDA, somme l’EIOPA d’établir et de publier sur son site un registre électronique unique. Celui-ci référencie les intermédiaires d’assurance et de réassurance. Mais il contient également la liste des intermédiaires d’assurance à titre accessoire qui ont notifié leur intention d’exercer des activités transfrontalières. Ces informations sont disponibles sur le site web d’EIOPA.
Enfin, l’EIOPA prépare un rapport attendu fin 2022 sur les effets de la DDA.
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